19 octobre 2010

Le succès inattendu d’un film annoncé comme austère : "Des Hommes et des Dieux"

Créer un territoire...
Le rythme du film, l’absence de musique hors les chants a capella, des dialogues essentiels mais pas de bavardage, tout cela crée un univers original, sans doute fidèle à la réalité, mais en tous cas vraisemblable, fort et spécifique. On est dans un univers bien particulier. Simplicité et lenteur... Musique délicate, inutile de souligner.

 

Surprendre...
Un des moments forts de ce film est sans doute celui du diner où Frère Luc démarre une cassette du Lac des Cygnes. Aucune parole, des plans serrés sur les visages. Cette musique improbable vient souligner la situation vécue par chacun. Le décalage change le regard, crée une nouvelle situation.

 

Ecouter.
Naturellement chacun a son point de vue sur la décision à prendre... Puis finalement, l’écoute mutuelle montre que cela n’est pas si simple. La retenue, la modestie de chacun enrichit le groupe, lui donne sa cohésion. Ecouter c’est communiquer.

 

Communiquer.
Là encore Frère Luc qui est médecin montre avec naturel et simplicité son empathie avec les malades qu’il reçoit. Pour indiquer la posologie à une personne dont on devine le dénuement, il griffonne sur un papier un soleil avec deux bâtons puis un croissant de lune avec d’autres bâtons. On oublie trop souvent que communiquer c’est utiliser le langage de l’autre, tout simplement...

 

Faire confiance au spectateur.
La médiatisation de la fin tragique de ces moines n’avait pas besoin d’être illustrée puisque nous la connaissons. Alors nos moines s’en vont leur chemin vers un ailleurs indéfini et disparaissent dans le brouillard... Le destinataire de nos messages sait comprendre...

 

Donner du sens !
Alors là on est au top... Car ce film pose tout simplement les questions clés. Quel sens donner à sa vie, à la mort. Et finalement aller à l’essentiel, ce n’est pas inutile.
Idem pour les valeurs... Le courage trouve une illustration forte. J’ai le choix dit Lambert Wilson face aux terroristes qui veulent l’obliger à soigner leurs combattants. Puis comprendre plutôt que chercher à savoir qui a raison. Puis aussi, le respect, la tolérance, bref des sentiments que l’on n'ose guère afficher. Et finalement, afficher ses sentiments, ce n’est pas dégoutant...