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15 avril 2013

Tous ensemble

Il suffit d'acheter sa baguette pour être édifié sur le moral des Français…au bord du gouffre ! Du radical "tous pourris" au désabusé "on a les politiques que l'on mérite" nous Français, nous nous regardons tous mutuellement sans grande aménité. On entend partout qu'il n'y a plus d'éducation, plus de courtoisie, plus de patience, plus de rigueur, plus de morale, plus de tolérance, plus d'exigence... Plus, plus, plus, n'en jetons plus !

Et pourtant ! Toutes les semaines depuis plus d'un an, la télé, plus précisément TF1, nous offre à voir "Tous Ensemble". Je vois déjà les sourires narquois ! Certainement, on peut railler un format très calibré qui nous propose chaque samedi un canevas grosso modo identique. Une famille a caressé ce rêve si français, une maison, un bout de jardin… Et puis la mouise s'est invitée, une maladie, la faillite d'un entrepreneur… et tout est tombé à l'eau. Toc, toc toc, une porte s'ouvre, les larmes jaillissent, les mains s'étreignent, les mots toujours identiques pour accueillir Marc-Emmanuel, le sauveur ou plus exactement le fédérateur. Parce qu'il va battre le tamtam ancestral de la solidarité auprès des artisans, commerçants, entrepreneurs, voisins, pour parvenir tous ensemble à concrétiser le rêve et construire la maison en un temps record.

Et ça marche !

Bon, d'accord c'est parfois un peu tire-larmes mais derrière le montage "efficace" on sent une émotion réelle chez les secourus et une joie, presqu'une jubilation, chez tous ceux qui ont mis la main à la pâte. Et c'est là que l'émission touche. Parce que si les premières de ces bonnes volontés pouvaient être soupçonnées d'être motivées par le fameux quart d'heure de célébrité, elles ont bien compris par la suite que venir peindre, offrir une cuisine, fabriquer un escalier ou couler une dalle de béton ne leur assurait ni la gloire, ni l'accroissement de leur chiffre d'affaires. Tous ces gens sont donc là pour aider mais peut-être surtout pour faire ensemble. Et ils prennent un plaisir palpable à retrousser leurs manches côte à côte, à se rencontrer dans un élan commun, à concrétiser que l'union fasse la force. Ils montrent combien ils sont heureux d'en être, juste des gens bien.

Qu'autant de gens manifestent un tel désir vient opportunément battre en brèche cette mauvaise image que nous entretenons de nous-mêmes. Cette ambition d’être « juste quelqu'un de bien » est signe du temps.

Mais alors, qui sera notre Marc-Emmanuel ?

Bruno Paillet

 

10:31 Publié dans Editos | Lien permanent | Commentaires (0)

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